mercredi 9 septembre 2009

Potosucre

Après la Paz, nous sommes allés à Sucre et à Potosi, deux belles villes coloniales de Bolivie. Et si nous décidons de faire un seul message sur ces deux villes, ca n'est pas uniquement par parresse, mais aussi parce que l'histoire et le destin de ces deux villes a longtemps été lié.

Nous avons mis 40min pour faire les 420km entre La Paz et Sucre, en avion, un de ces rares avions qui peut décoller et atterrir à plus de 4000m d'altitude. Et nous avons mis 7h pour faire les 80 km qui séparent Sucre de Potosi, en ferrobus, un bus monté sur des essieux de train qui utilise une vieille voie ferrée, vaguement réhabilitée. Le chauffeur passe les vitesses, klaxonne et tient même un volant, parce que le bus déchausse assez fréquemment des rails, pas toujours très rassurant, mais ca passe. Bref, c'est pas encore le Modalhor du tunnel de Fréjus.

Le trajet est superbe, et ce service de train récemment remis en place par Evo Morales permet en fait de desenclaver certains petits villages de la région qui ne sont desservis par aucune route.

A Sucre, il fait beau, chaud, le climat est agréable, la culture est facile, les rues sont propres, larges et droites, on roule au GPL, on pratique le tri sélectif et on fait la fête tous les soirs sur le plaza du 25 Mayo.
Potosi perchée à 4070m, est l'une des plus hautes villes au monde, bien plus haute de Lhassa, les rues y serpentent pour essayer de freiner les bourrasques de vent glaciales qui s'y engouffrent, on balance les poubelles où on peut, il n'y a pas grand chose qui pousse, les collectivos des mini-bus d'occasion tous importés du Japon avec au moins 200 000km au compteur polluent et consomment le peu d'oxygène qu'il y a. On a bien regardé avec Bebidou comment ils font pour changer la direction de coté, c'est de la bidouille: ralonges pour les pédales, systeme de bielle pour rattraper la crémaillère et le tableau de bord reste à droite. Donc pas possible de voir la vitesse en conduisant.
Bref, deux ambiances qui contrastent nettement entre Sucre et Potosi.

Les conquistadors espagnols n'ont jamais trouvé l'eldorado, mais en 1545 ils ont trouvé Potosi et son volcan le Cerro Rico qui a alimenté l'Europe en argent pendant plusieurs siècles. Si bien que Potosi a longtemps été la plus grande ville d'Amérique du Sud. Apparement, on ne sait pas très bien combien de tonnes d'argent ont été extaites de Potosi, mais il parait qu'il y en aurait suffisamment pour construire un pont d'argent entre Potosi et Madrid. Ce qui est plus sur et nettement moins groovy, c'est que pas loin de 8 millions de mineurs, pour la plupart des esclaves indiens et africains sont morts dans ces mines. Jusqu'à l'indépendance de la Bolivie en 1825, les pièces d'argent étaient frappées directement à Potosi et étaient valables dans toutes les colonies espagnoles.
Pourtant, je crois me rappeler que mes professeurs d'histoire ont souvent expliqué que la couronne d'Espagne et les Habsbourg n'ont pas su profiter de cette manne, la moitié de l'or et l'argent était d'abord récupérée par les corsaires anglais et francais, l'autre moitié était dilapidée en froufrou par ces dames castillanes, principalement au profit des drapiers du Nord de l'Europe. A cette époque Colbert disait: "Plus un état fait de commerce avec l'Espagne, plus il possède d'argent". Comble de l'ironie, les pièces de monnaies boliviennes sont aujourd'hui frappées en... Espagne.

Depuis le XVIIIème , il n'y a plus beaucoup d'argent à extraire de Potosi, donc la population a été divisée par 4. On y trouve encore pas mal de zinc, d'etain et de plomb et la population de la ville reste majoritairement minière.
Mais depuis le début de l'histoire minière de Potosi, c'est surtout Sucre qui profite de toutes ces richesses, car la plupart des personnes qui se sont enrichies et qui s'enrichissent encore de l'exploitation minière de Potosi préfèrent s'installer à Sucre, y construire de superbes maisons, voire des palais, rouler au GPL, recycler leur déchet et profiter du climat plus clément.
Nicolas. Liens vers une vidéo du petit train et vers les photos de Sucre et Potosi ci-dessous.

PS de Réka: il y a un livre très bien écrit qui retrace l'histoire du continent, avec des descripions économiques et historiques, également sur Potosi et Sucre: "Les veines ouvertes de l'Amérique Latine" par Edouardo Galeano. Un excellent livre, je vous le conseille, surtout pour ceux qui sont déjà venus sur ce continent (merci Charlotte et Véro pour ce cadeau)
Vidéo du petit train
Sucre Potosi

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