jeudi 16 juillet 2009

Chiclayos, Chachapoyas, Kuélap and Co...

Bonjour à tous,

Ca fait un petit bout de temps qu'on a pas donné de nouvelles, surtout parce que dans la région ou nous venons de passer quelques jours, l'éléctricité est produite par des installations utilisant l'énergie hydraulique tres capricieuse. Pour faire simple, ca marche s'il pleut un peu, mais pas trop, sinon, ca ne marche plus, ce qui fait la fortune des producteurs de bougies, de lampes de poche et de batteries portables.

Bref, après 16 heures de bus, tous très bien notés dans les terminaux, trois changements, un passage de frontière surréaliste, mais facile, à 4h du matin où les douaniers à moitié endormis et en pyjama ont tamponné notre passeport de part et d'autre du Rio Grande, nous voilà donc au Pérou. Un peu bêtement, en passant la frontiere, je me suis demandé ce qui se passerait si je décidais de m'assoir au milieu du pont. Est ce que quelqu'un viendrait me chercher? Qui des douaniers Equatoriens ou Péruviens se déplacerait en premier? Combien de temps est ce que ca durerait? Autant de questions qui ne servent pas à grand chose, mais bon à 4h du mat, on a le droit de se poser des questions bêtes.
De Macara à Piura, de Piura à Chiclayo, c'est tout simplement moche. Un grand désert, ou plutot une grande décharge moite et sulfureuse coincée entre la mer et la montagne, mais d'où on ne peut apercevoir ni l'une ni l'autre. D'infames oiseaux noirs, croisement entre un dindon, un corbeau et un vautour dénotent à peine avec les miliers de sacs plastiques coincés dans les branches des quelques arbustes qui s'évertuent encore à survivre.

Mais nous savions que nous n'avions pas encore vu la bonne mine du Pérou. A une époque, celle des indiens Chavins, Mochés, Lambayèques et Chimus, la région était fertile, irriguée et prospère. Alors nous avons profité d'une halte à Chiclayo pour aller voir les pyramides Lambayeques de Tucume et le musée de la tombe du seigneur de Sipán.


Les Lambayèques étaient obsédés par les pyramides et chaque roi y allait de son petit (ou grand) édifice. Juste autour de Tucume qui étaient sans doute la capitale des Lambayèque à partir du XIème siècle, on en voit 26. Pas toujours très bien conservées parce qu'elles sont construites en briques de terre, mais ca reste immense et très impressionant. Devait y avoir un monde fou dans ce coin. Il suffit encore de se baisser pour ramasser des morceaux de vase pré-inca. Mais finalement, le plus pittoresque était sans doute Miguel, le guide, policier polyglotte chanteur et poète qui nous a impressionné avec son pistolet en bandouillère et son repertoire complet des chansons d'Enrico Macias. D'ailleurs, je crois qu'il lui ressemble un peu. Il y avait aussi avec nous un troubadour Argentin qui jouait (relativement mal) de la Bambalalaïka . Tout ca par 30 degrés, en haut des pyramides. Bref: improbable et réjouissant.

Le seigneur de Sipan, roi des Mochés aux alentours de 500 a eu le bon gout de se faire enterrer avec son chien, ses trois femmes, la plupart de ses enfants, quelques serviteurs et surtout toutes ses parures, armes, bijoux... Tout ce beau monde pour l'accompagner dans l'au delà. En 1987 des pilleurs de tombe trouvent le site, piquent deux trois broutilles en or et se font rattraper par la police. Les archéologes officiels qui, bien renseignés par les pilleurs de tombe commencent à balayer le site decouvrent en fait l'une des tombes les mieux conservés de cette époque. En plus de la tombe du seigneur de Sipan, il y avait aussi la tombe du chaman, celle du trisaseuil du seigneur, lui aussi seigneur 200 ams avant... Et depuis les autorites locales ont ouvert un musée qui mérite vraiment le detour. Puis nous avons repris un bus de nuit pour nous rendre á Chachapoyas, capitale du département du meme nom dans la région Amazonas. Chachapoyas a été fondée en 1538 par les Espagnols, mais avant d'etre une ville coloniale, Chachapoyas, qui en Chachapoiens veut aussi dire "peuples des nuages", est surtout le nom des occupants pré-Incas, installés dans la région depuis trés longtemps comme en témoignent les innombrables sites archéologiques incroyablement peu exploités pour l'instant. Ici, comme presque partout au Pérou sauf peut-etre au Machu Pichu, les gens n'aiment ni les Incas ni les Conquistadors.

Nous avons eu l'impression que la région de Chachapoyas est plutot autonome, encore assez isolée du reste du Pérou et des hordes de touristes qui déferlent en juillet-aout. Alors nous en avons profité pour faire une randonnée dite de "Gran Villaya" de trois jours qui nous a mené de sites archéologiques en petits villages perdus dans les montagnes. En vrac, voila les moments les plus marquants de notre randonnée, aussi visibles sur les photos:
- Les Sarcophages de Karajia, nichés dans une excavation d'une falaise, inaccessibles.
- La Vallée de Bélen et ses paisibles troupeaux qui paissent (ne cherchez pas, il n'y a pas de contrepetrie ici).
- Les ruines de Pirquilla qui datent du VIéme siécle, découvertes que tres recemment. On y trouve environ 300 Chullpas, maisons de pierres circulaires que construisaient les Chachapoyas.
- La fête au village de Congon, ou nous avons passe la nuit. Congon est un petit village d'une quinzaine de familles qui vit de la culture du mais et du café et qui fêtait le le 12 juillet l'anniversaire de sa fondation. Pour l'occasion, les Cogonais avaient construit des annexes á la salle des fêtes, invité tous les copains du coin et improvisé un jazz band qui a tenu le coup jusque 4h dans la nuit. Tout comme nous, qui n'avions pas le choix.
- La courageuse mule aerophage qui m'a porté toute une matinée sur 1500 metres de denivelé dans 50cm de boue, et qui ne supportait pas d'etre precedee. A peine dessus et hop, la mule est en route, devant tout le monde. C'etait donc une mule de tête.
- Une nuit a Choctámal, pas grand chose a signaler, sauf que je m'y suis cogne la tete en sortant du café, ce qui a bien fait rire Réka qui trouve que le nom du village était particulièrement ad'hoc.


Et enfin, le dernier jour, la superbe forteresse de Kuélap, perchee a 3000 m d'altitude, construite entre 500 et 1460, deux enceintes de pas loin de 20m de haut, une troisieme en phase de construition, 4500 habitants intramuros au mieux de sa forme, sans compter les banlieusards, 600m sur env 100m donc a peu pres 6ha. Pas loin de 500 chullaps, plus ou moins grandes (les maisons rondes traditionnelles, souvenez-vous), toutes equipees de fours á cochon d'Inde, comme ca se fait encore aujourd'hui partout au Pérou. L'invasion Inca en 1460 ne leur a pas laissé le temps de construire la 3eme enceinte. Mais il parait que les Incas ont eu un mal fou á en venir a bout: trois tentatives et enfin une capitulation des Chachapoyas suite á un long siège de la forteresse.
75 ans plus tard, les Espagnols debarquent et c'est la fin de l'histoire de la citadelle de Kuélap. Envoyes en Amazonie pour chercher de l'or, decimés par les maladies venues d'Europe, les Chachapoyas oublient jusqu'a l'existence de la citadelle... qui n'est redecouverte qu'en 1843 et ouverte aux touristes que depuis peu. Quand il y a 3000 entrées par jour au Machu Pichu, il n'y en a pas plus de 10/15 a Kuélap, qui pourtant en vaut presque autant. Alors on s'est dit que peut-etre, apres Kuelap, on aura pas besoin de FAIRE le Machu Pichu.
Par beaucoup de ses aspects, la forteresse de Kuelap nous a rappellé la citadelle de Besancon. Mais nous n'avons pas trouvé de restaurant pour y manger un bon Mont d'Or. C'est pas faute d'avoir cherché, alors on s'est rabattu sur les fèves cuites que vendait Maria a l'entree du site.

Nicolas

PS: oui. oui, il y a encore des contrepets dans ce texte.

PPS: pour des raisons qui m'echappent, je n'arrive pas a mettre les dernieres photos en diaporama, mais vous pouvez cliquer sur la photo ci-dessous pour les voir.

Ide kell kattintani a fotokert:

Chilclayo - Chachapoyas

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire