samedi 15 août 2009

On a FAIT le Machu Picchu

Les gens FONT le Machu Picchu. On pourrait visiter le Machu Picchu, ou bien s'y rendre, le découvrir, ou tout simplement y aller ou le voir, mais non, on FAIT le Machu Picchu. (j'ai vérifié, ca vaut aussi pour les autres langues). Bon, il y a aussi des gens qui font le Pérou, qui font la Bolivie, l'Inde, etc, mais ca c'est encore autre chose. En passant, il y en a beaucoup moins qui font la Belgique et ca c'est un tort.

Pendant notre visite du Machu Picchu, Réka et moi avons compté qu'il y aura bientôt pratiquement 1% de la population mondiale qui aura fait le Machu Picchu, bon on a aussi compté que les toilettes publiques du site se mettent dans la poche pas loin de $1000 tous les jours. Merki. Mais 1%, c'est énoooorme, non?

Le Machu Picchu, c'est toujours très loin, parce qu'évidemment c'est pas les Péruviens, les Boliviens ou les Equatoriens qui visitent le site. C'est souvent très cher, ou alors il faut beaucoup marcher et se lever très très tôt. Bref, ça reste quand même nettement moins accessible que la Sainte Chapelle et la Conciergerie qui mériteraient certainement la même fréquentation que le Machu Picchu.

J'ai bien regardé autour pour essayer de comprendre. Ce n'est certainement pas par passion pour la culture Inca qui y draine autant de monde. Il y a sans doute des ferrus d'Inca, mais pas 3000 par jour, en plus, il faut bien admettre que sans visite guidée on y comprend rien et qu'avec une visite guidée, on comprend surtout qu'on a pas encore compris grand chose sur la civilisation Inca.

Alors, pourquoi est-ce que tout ce monde fait le Machu Picchu? Je ne veux pas croire que c'est uniquement pour briller dans les diners mondains. Mais pourquoi donc est ce que le Machu Picchu c'est bien? Voilà les quelques réponses (plus ou moins malhonnètes) que j'ai trouvées.

D'abord, parce qu'il fait chaud, et comme tout le monde se les gèle à Cusco avant d'y aller, ca fait du bien de s'y réchauffer au soleil. Aussi, il n'y a presque pas de moustiques, contrairement aux deux derniers jours de la randonnée que nous avons faite pour y arriver.
Parce qu'on est tous attirés par les constructions en vielles pierres avec des murs épais, des poutres apparentes avec une vue dégagée sur les montagnes alentours, le type de barraque authentique qu'on a tous envie d'avoir pour couler nos vieux jours dans le Perigord Noir.
Parce que la pelouse est impeccable (de frein), tondue à raz. Ca ressemble à un golf, une espèce de nature organisée, entretenue, à la Baudelaire. Et tout le monde trouve qu'un golf c'est esthétique, même ceux qui ne veulent pas en jouer. Bref, c'est vraiment esthétique.
Enfin, parce que c'est grand, et qu'on se perd assez volontiers dans les dédales de pierres. Ca nous rappelle sans doute la petite peur qu'on avait gamin dans les labirynthes en verre des fêtes foraines.

Voilà, donc le Machu Picchu, ça vaut la peine. Pour y aller sans prendre le tourist-racket-train, c'est possible de suivre le traditionnel chemin de l'Inca, mais il n'y a pas de place avant 2054 et on avait pas le temps d'attendre. Donc, nous y sommes allés presque à pied pendant 5 jours, par la randonnée "alternative" dite du Salkantay. Nos compagnons de route étaient des plus sympathiques. On a eu très froid en passant des cols de montagne, puis très chaud quand on est redescendu vers la jungle. On a croisé pas mal de petits chats, pour le plus grand plaisir de Réka, puis aussi un petit singe qu'on a surnomé Sabotage, et un perroquet. On a mangé des kilos d'avocats qu'on avait presque qu'à cueillir sur la route. On a passé plusieurs heures dans les thermes de Santa Theresa. On a suivi la voie ferrée sur les derniers kilomètres. Le dernier jour, hysthériques, nous nous sommes levés à 2:30 pour grimper au Machu Picchu et être surs d'être dans les 400 premiers qui auront le droit de grimper encore plus haut au Huayna Picchu, la montagne qui surplombe le site. A 4:00, nous faisions la queue à l'entrée du site, dans les 20 premiers, puis à 6:00 les portes de la cité perdue des Incas se sont ouvertes et nous avons enfin pu FAIRE le Machu Picchu. Youpi!

Mais, si vous voulez voir tout ca en image, il faut cliquer vers le petit lien ci-dessous:


FAIRE le Machu Picchu par le Salkantay

Nicolas

1 commentaire:

  1. L’expression « faire le machu pichu », ou quoi que ce soit d’autre, n’est pas qu’un raccourci de langage je suis d’accord, mais renvoie à une expérience individuelle et émotionnelle, généralement brève et intense, réalisable à plusieurs, comme faire l’amour.
    Mais elle nous ramène surtout à la manière de pratiquer le tourisme aujourd’hui : avec un routard lonely et futé, parfois bleu s’il se prénomme Michelin. Pourtant Michelin Futé n’est pas un bleu, parce qu’il a déjà établi une liste de toutes les choses à voir, et donc à « faire ». Il suffit de sélectionner dans cette liste, de visiter, puis de valider. C’est comme de cocher une case. Nos amis Coréens ne cochent pas de case, ils déclenchent le bouton de leur appareil photo, et repartent aussi vite qu’ils sont arrivés, le plus souvent en troupeau.
    Houellebecq l’explique très bien dans Plateforme : faire le touriste, c’est vérifier sur place la description fournie par le Michelin solitaire. Après, on peut comparer sa propre expérience émotionnelle avec le nombre d’étoiles attribué par le routard futé.
    Heureusement pour vous deux, qui n’avez pas les contraintes de calendrier d’usage, vous pouvez surpasser le futé bleu et vivre des choses qu’il n’a pas nécessairement « fait » avant vous.
    cheers
    Nicolas B.

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